L’humoriste de 38 ans Farid Chameck qui s’est fait connaître en intégrant la troupe du Jamel Comedy Club en 2015, a chauffé la salle du Carré des Docks vendredi, en première partie du spectacle « Maintenant ou Jamel », de Jamel Debbouze. Pendant 30 mn il a blagué et vanné sur l’actualité, les gilets jaunes, l’incendie de la cathédrale et les fonds pour la reconstruire, les rebeus et les noirs, sa relation avec sa première conquête, ….tout cela sur le rythme soutenu du stand-up.
Puis est annoncé JD revenant sur les planches après 6 ans d’absence, dans une salle comble d’un public de 7 à 77 ans et plus, aux couleurs black, blanc, beur.
Oui, mais l’artiste se fait attendre pendant plus de 20 minutes et c’est dans la salle qu’a lieu le spectacle ! Entre séries d’applaudissements lancés pour faire venir JD plus vite, quelques uns – les moins timides – y sont allés de leurs messages criés dans la salle, dans une ambiance bon enfant.
Sur fond de musique rap, arrive enfin JD, en dansant et sautant, et il est applaudit certes, mais le public, comme un reproche, lui a quand même fait savoir qu’il l’a attendu, aussi à la après la question « t’étais où », … il aura fallu encore quelques minutes pour que le spectacle ne débute réellement, tout cela dans un climat de drôlerie presque enfantine, JD se montrant faussement timide.
Il manifeste sa joie d’être là, « je suis content, ça fait longtemps que je suis venu au Havre – Le Havre : quel kif ! », et explique que lorsqu’il arrive dans une ville il va dans les quartiers. Ainsi ici, il dit avoir vu Sainte-Adresse (là on où se vouvoie) et la Mare-Rouge « oh là, là ! ». Autant dire que ces lieux seront mentionnés à plusieurs reprises dans la soirée.
Celui qui aime tant rire de nos différences culturelles aborde des sujets comme le racisme bien-sûr « A Béziers, tous les ans il y a le championnat de France du racisme, et c’est Seymour le champion. Non pas toi Marine, toi tu es tombée dedans quand tu étais petite »…
Les politiques sont également égratignés « c’est la galère pur lui, Emmanuel Macrotte : jamais il ne portera un gilet jaune, il préférera crever au bord de l’autoroute », quant à l’élection de Donald Trump, elle a déclenché la phrase devenue culte de sa mère « on va tous mourir » !
Sa famille, son père, sa mère sont évoqués et avec eux des souvenirs d’enfance, celui en particulier du départ des marocains tous le même jour pour le Maroc en voiture avec un « tétris sur le toit », et où « les aires de repos étaient mieux que les vacances au bled ».
Sa mère encore, « une grande spécialiste de la langue française », qui va maintenant chercher ses petits-enfants à l’école et qui s’est fait 2 nouvelles amies : Ségolène et Brigitte et qui a désormais des revendications ! Elle veut un York très cher !
La chance matérielle de ses enfants qui n’ont pas de soucis « alors parfois j’en organise », en opposition avec lui qui avait un frère qui dormait dans un lit « triperposé ».
Richesse contre pauvreté : il réinvente aussi une fable de Lafontaine avec le public qui l’aide à trouver des rimes en ouille pour grenouille et ette pour belette pour évoquer ce thème et finir sur la morale « la belette nous raquette ».
La difficulté qu’être père. « Avec ma fille, j‘essaie de me papaïser », et la relation à sa taille comme un frein à l’autorité : « t’as déjà vu un père qui chausse du 37 ». D’ailleurs sa mère l’a envoyé voir un grantologue, qui lorsqu’il a est entré dans la salle pour l’examiner a demandé où il était !
JD joue avec les mots en les transformant et c’est drôle, il joue aussi avec malice avec le public et montre sa capacité et son talent à rebondir sur leurs remarques. Il trace ainsi la route d’un spectacle qui se veut déjà rodé, mais bifurquant avec souplesse, sur les petites toutes latérales de l’improvisation, pour la plus grande joie de tous.
Ennevi