Hier, 20h54. Après une inspection de la pelouse du Stade de France, l’arbitre Dave Pearson se rend dans le vestiaire des Bleus. Il leur annonce que le match France – Irlande, deuxième levée du Tournoi des Six Nations, qui doit commencer dans six minutes, sera reporté à une date ultérieure (qui sera fixée demain). La pelouse a gelé en partie et se révèle dangereuse.
Le public n’est averti qu’à 21h10, une fois Nicolas Sarkozy et François Hollande sortis de l’enceinte de Saint-Denis. Bronca générale. Incompréhension. Météo France avait pourtant prévu une température autour de – 7 … C’est la première fois dans l’histoire du Tournoi qu’un match est reporté à la dernière minute, quand les spectateurs sont déjà dans le stade, leur billet dans la poche.
Comment en est-on arrivé là ?
La bâche chauffante qui a recouvert la pelouse toute la semaine a été retirée à 19 heures, alors que la température était de -1°C. Dave Pearson, l’arbitre anglais de la rencontre, qui avait déjà procédé à un examen positif la veille à 21 heures, a inspecté une première fois le terrain et l’a jugé praticable. Deux heures plus tard, la situation est différente. La température a chuté et des parties de la pelouse sont gelées. La sécurité des joueurs n’est pas assurée. L’officiel prend sa décision : le report. Il informe alors les deux équipes. Il refuse de s’exprimer par la suite. Quelques minutes plus tard, alors que des questions commencent à se poser dans les gradins, l’annonce officielle est faite. Thierry Dusautoir, le capitaine des Bleus, vient sur la pelouse exprimer ses regrets aux spectateurs.
A qui la faute ?
Malgré les prévisions météo pessimistes, malgré les inquiétudes exprimées un peu partout, le Comité des Six Nations qui dépend de la Fédération internationale (IRB) est resté sourd. Le diffuseur, France 2, avait pourtant proposé il y a trois jours d’avancer la rencontre. « Le principe de précaution ne s’est pas appliqué parce que les prévisions météo étaient plutôt favorables », plaide Jacky Laurens, vice-président de la Fédération française et membre du Comité des Six Nations. Moins 7 degrés, favorables ? Les officiels de l’IRB sont d’un naturel optimiste… La Fédération française, de son côté, a-t-elle tout fait pour alerter l’instance internationale? A-t-elle vraiment tenté de faire modifier l’horaire de la rencontre ? « Les moins de 20 ans ont joué à Grenoble, Clermont – Racing en Top14 s’est déroulé normalement, peste Pierre Camou, le président de la FFR, remonté contre l’arbitre. La température était la même, mais à chaque fois, c’était un Français qui arbitrait… »
Quand le match se jouera-t-il ?
Christine Connolly, en charge de la communication du Comité des Six Nations, a été claire. La rencontre se déroulera soit le week-end prochain, soit dans trois semaines. La décision sera prise demain. La première solution pose un problème : la date est déjà réservée au Stade de France. Samedi, le Stade Français y accueille Toulon à 16 heures. La pelouse pourrait-elle supporter la tenue d’un autre match, international de surcroît, le dimanche, vingt-quatre heures après un choc du Top14? Ce serait là encore une grande première pour l’enceinte de Saint-Denis.
Le 3 mars en revanche, le stade est libre et la rencontre se déroulerait une fois encore en doublon d’une journée de Top14. Les billets d’hier resteront valables pour la nouvelle date. Mais pour nombre de spectateurs, le préjudice est important. Qu’en sera-t-il des frais engagés en voyage, hôtel, pour les provinciaux ou les Irlandais ?
Bernard Laporte, l’entraîneur de Toulon, a fustigé sur RMC le comportement de la FFR. « Les gens de la Fédération sont des nantis, a soufflé l’ancien sélectionneur. Ils n’en ont rien à foutre que le match soit annulé ou non! Leur ticket est payé. Leur billet d’avion et leur chambre d’hôtel aussi! J’ai envie de dire que le bois de Boulogne est payé (sic) ! Tout est payé ! »
source : http://www.leparisien.fr/